Gilles Tolède

Reconquérir la souveraineté autant par le code que par la raison

Idées extraites du livre

Le Serlado - L'alternative globale pour restaurer la souveraineté des nations européennes.

Références du livre sur https://serlado.org/

Contrairement à ce que certains pensent, le retour à la souveraineté nationale ouvrirait davantage la France (et les autres pays européens) au monde et à ses différentes cultures, en évitant l'enfermement européiste et atlantiste. Cela est amplement expliqué par les partis proposant la sortie de l'Union européenne (et la sortie de l'euro et de l'OTAN). Pourtant, il apparaît que ce discours, tout à fait valide, se révèle être insuffisant pour emporter l'adhésion de la partie de l'électorat directement ou indirectement séduite par la puissance d'influence anglophone. Cette puissance d'influence, qui gravite autour de l'unicité actuelle de la langue hyper-centrale (*) (en l'occurrence l'anglais), provoque des effets de séduction, de sujétion et de motivation, qui touchent une partie des classes moyennes et supérieures des pays européens.

(*)  Langue hyper-centrale : langue qui domine sur une grande partie du monde pour les relations internationales; c'est le cas de l'anglais, qui est, à ce jour, la seule langue hyper-centrale.

Nous allons essayer de montrer dans cet article comment les idées souverainistes pourraient se développer davantage, via une projection internationale basée sur un dualisme parfaitement compatible avec la pluralité.  L'idée consiste à se positionner en contradiction structurelle avec le mondialisme. Comme nous allons le voir, une telle contradiction ne peut être que de nature communicationnelle et plus précisément de nature linguistique et ceci au plus haut niveau.


Il faut tout d'abord prendre en compte le fait que tout pays européen engagé sur la voie du retour à la souveraineté nationale sera susceptible de déclencher contre lui des oppositions et des rétorsions de la part d'instances et de groupes d'influence favorables au mondialisme et à l'atlantisme.

Nous considérons que ces réactions seront d'autant mieux contrées, que les conditions suivantes seront réunies :

  • le pays ne sera pas le seul en Europe à s'engager sur la voie souverainiste, en particulier pour ce qui concerne la sortie de l'euro,
  • un "cadre international alternatif à l'UE" sera en cours de déploiement.
On entend par "cadre international alternatif à l'UE" : un dispositif de coopération international, disposant des caractéristiques suivantes :
  • excluant toute supranationalité,
  • se différenciant structurellement du mondialisme et de l'UE,
  • mettant en réseau des militants souverainistes de différents pays européens,
  • hébergeant une structure de concertation pour les pays ayant en perspective la sortie de la monnaie unique,
  • devenant un moyen de coopération internationale inter-gouvernementale, une fois les pays redevenus souverains,
  • accueillant, en tant que membres, tous les pays d'Europe et de la Méditerrané,
  • ouverte aux autres pays du monde intéressés, en tant que partenaires,
  • destiné à subsister, une fois que des pays européens auront quitté l'UE.

On pourra trouver dans le livre "Le Serlado" des éléments supplémentaires expliquant les motivations et les objectifs d'un tel cadre international alternatif à l'UE (et au mondialisme en général). Ce cadre international est appelé dans le livre: "Association-Serlado"; nous utiliserons cette dénomination dans la suite.

Cette association devra donc proscrire toute supranationalité. Ainsi, contrairement à l'Union européenne, il ne devra pas y avoir de droit attaché à l'Association-Serlado au-dessus du droit national. Il n'y aura pas de "directive" au-dessus des lois nationales. Il n'y aura ni parlement, ni exécutif. L'association sera essentiellement un espace de dialogue, un lieu de réunions et d'échanges pour des délégués issus de divers pays. La structure mise en place facilitera des coopérations, sur une base souple (relations bilatérales privilégiées) et adaptée aux domaines traités (à terme : lancement de projets industriels, recherches scientifiques, etc.).

Comme déjà annoncé plus-haut, cette association devra se démarquer résolument du mondialisme. Nous allons approfondir ce point fondamental.

Le vecteur linguistique hyper-central unique (la langue anglaise) porte l'unicité communicationnelle nécessaire au capital mondialiste. Les pays européens sont soumis à une puissance d'influence sans précédent, reposant sur ce vecteur. Elle séduit une partie des classes moyennes et supérieures qui s'éloigne en conséquence de l'idée de nation souveraine.

Dans ce contexte sociolinguistique très défavorable, il convient d'admettre que l'argumentation et "la raison" en faveur du retour à la souveraineté nationale ne sauraient constituer, à elles seules, un moyen suffisant. Considérant la fragilité d'une démarcation par "la raison", c'est donc bien également sur le plan communicationnel que cette "Association-Serlado" (et donc la mise en réseau des souverainetés) devra se distinguer de l'environnement mondialiste (et donc européiste). Le champ linguistique étant le déterminant supérieur du champ communicationnel, cette différenciation ne pourra être que de nature linguistique, par l'adoption d'une langue pivot différente de l'anglais, en tant que langue de travail de l'Association-Serlado.

Une des caractéristiques importantes de cette langue pivot est le fait qu'elle puisse devenir, assez rapidement, la seconde langue hyper-centrale, à côté de l'anglais.
L'objet de cet article n'est pas de détailler tous les critères que devra remplir cette seconde langue hyper-centrale; on pourra se reporter pour cela au livre "Le Serlado".
On se contentera d'annoncer ici que l'espagnol est bien la langue la plus crédible pour devenir la seconde langue hyper-centrale (et donc la langue de travail de l'Association-Serlado).


Sur le plan géopolitique, il conviendrait que le premier noyau de cette association soit franco-italien, car ce sont les deux pays les plus touchés par la désindustrialisation, suite aux conséquences de l'euro. Ce sont en même temps deux grands contributeurs nets au budget de l'UE. En conséquence, l'Association-Serlado devrait adopter : le français, l'italien et l'espagnol comme langues officielles, avec l'espagnol tenant le rôle de langue pivot. C'est-à-dire que l'espagnol sera la langue véhiculaire de l'association, lorsque les langues française et italienne ne suffiront pas, lors des échanges internationaux. Un tel noyau franco-italien pourra rapidement s'élargir pour héberger des concertations entre tous les pays désireux de sortir à terme de l'UE et de l'euro. On pense en particulier à l'Allemagne, lorsqu'il ne fera plus aucun doute pour ce pays que rester dans la monnaie unique entraînera davantage d'inconvénients que d'avantages.


Le surgissement d'une seconde langue hyper-centrale à côté de l'anglais introduira un dualisme linguistique global qui relativisera les deux langues (l'une par rapport à l'autre) et revitalisera en même temps toutes les autres langues nationales. Pour la France, cela suscitera un développement de la francophonie, évolution éminemment souhaitable.

Par ces choix linguistiques (l'espagnol comme langue pivot), l'Association-Serlado constituera le point de départ d'une alternative globale au mondialisme.
Irriguée par une langue devenant progressivement la seconde langue hyper-centrale, la dynamique souverainiste pourra s'appuyer sur un nouvel internationalisme, contrant le mondialisme.
Dotée de cette différentiation linguistique au niveau hyper-central, l'Association-Serlado restera imperméable à toute tentative de récupération de la part de l'Union européenne et du mondialisme. A cet égard, son "code ontologique" (de nature linguistique), différent de celui de l'UE et du mondialisme, lui conférera une protection naturelle. Nous parlons ici de "code ontologique", car il s'agit bien d'une caractéristique existentielle, différenciant structurellement l'Association-Serlado de l'UE (et du mondialisme en général).

Ainsi, le retour à la souveraineté nationale des pays européens se fera autant "par le code" que "par la raison".
En effet, comme déjà indiqué, la "raison pour la souveraineté nationale" ne saurait s'imposer quand elle est portée à l'international par le code communicationnel hyper-central qui l'étiole.


Concrètement, des coopérations dans le cadre de l'Association-Serlado pourront porter sur des domaines déjà traités par l'UE, mais la différence essentielle sera que ces coopérations se feront entre nations et non au plan supranational.

Pendant une certaine période, l'appartenance de pays à l'Association-Serlado pourra être concomitante de l'appartenance à l'UE (donc avant la sortie de ces pays de l'UE, de l'euro, puis de l'OTAN). Il est difficile d'évaluer la durée de cette période (de 1 à 10 années ?), car elle dépendra de l'évolution du rythme de dégradation de la situation économique dans la zone euro. Quoi qu'il en soit, pendant cette période qui sera peut-être un peu longue, les esprits pourront se faire progressivement à l'idée de sortie de l'UE et de l'euro, ceci au travers de l'existence d'un cadre international (non supranational) structurellement différent de l'UE. A ce propos, des symboliques autour des principes linguistiques décrits plus hauts devront être mises en avant, afin de marquer les esprits.