Gilles Tolède

Contradiction du capital mondialiste, par un compromis linguistique créant une alternative globale

Idées extraites du livre

Le Serlado - L'alternative globale pour restaurer la souveraineté des nations européennes.

Références du livre sur https://serlado.org/

Lorsque l'on se penche sur l'évolution du capital vers sa forme mondialiste, qui prévaut de plus en plus en occident, on est frappé par le fait que ce mouvement s'accompagne d'une imposition toujours plus forte de la langue anglaise dans les pays européens. Cette imposition touche les instances européennes, l'organisation du travail dans les grandes entreprises, les médias de grands chemins, pour ne citer que quelques domaines concernés.

Pour bien comprendre cette situation, il faut admettre que le déterminant principal du capitalisme mondialiste réside dans l'unicité de la langue hyper centrale (en l'occurrence l'anglais). Le capital mondialiste et l'unicité de la langue hyper centrale ne vont en effet pas l'un sans l'autre. C'est-à-dire que chercher un moyen de contredire le capital mondialiste revient à chercher un moyen de contredire l'unicité de la langue hyper centrale, le sort des deux phénomènes étant intimement lié.

Ainsi, la sortie du capital mondialiste, pour retrouver une forme de capital compatible avec la souveraineté des peuples et la démocratie, est conditionnée par un changement dans la situation linguistique au niveau hyper central. En d'autres termes, la caducité prévisible du capital mondialiste est aussi celle de l'unicité de la langue hyper centrale.

Le lien entre les deux phénomènes étant établi, pouvons-nous réellement concevoir que le capital mondialiste triomphe définitivement au détriment des peuples et des nations ? 
À cette réponse, nous pouvons répondre intuitivement par la négative. En effet, nous pouvons avancer que les contradictions du capital mondialiste vont devenir tellement fortes dans l'avenir, en particulier dans les pays européens, que la forme mondialiste du capital est condamnée, à moyen ou à long terme.

Puisque capital mondialiste et unicité de la langue hyper centrale ne font qu'un, on peut déduire que le soubassement linguistique de ce type de capitalisme va s'en trouver ébranlé en même temps que cette forme de capital.
Il faut donc s'attendre, qu'à un moment donné, surgira la contradiction fondamentale du capital mondialiste et que cette contradiction passera par le plan linguistique, sous la forme d'une solution pragmatique, quitte à ce qu'elle s'accompagne d'un compromis.

La "raison" seule ne pourra en effet pas être un instrument suffisant pour contrer ce type de capitalisme, qui détient tous les rouages du pouvoir, en particulier au travers des médias de grands chemins. Cette raison se matérialise en particulier par la promotion indispensable du multilinguisme dans un monde multipolaire, promotion qui reste malheureusement un moyen insuffisant, lorsqu'on lui oppose l'unicité linguistique hyper centrale adossée au capital mondialiste.

C'est pourquoi j'évoque dans mon essai (voir : https://serlado.org), le concept d'alternative globale, par l'introduction d'une seconde hyper-langue, à côté de l'anglais.
Le surgissement de la seconde hyper-langue se fera par la force des circonstances, lorsque la situation, devenue dramatique en Europe, ne pourra déboucher que sur cette alternative globale. Il s'agira d'un enjeu existentiel.
Puisque le pragmatisme s'imposera, la seconde hyper-langue, concurrençant l'anglais, ne pourra être que le français ou l'espagnol.

Dans mon essai, j'explique pourquoi l'espagnol est la langue la mieux placée pour tenir le rôle de seconde hyper-langue, même si, personnellement, je préférerais que ce soit le français.
Le souci de survie existentielle qui sera partagé par les peuples européens, à commencer par le peuple français, effacera les premières hésitations qui pourront apparaître, du fait d'une complexité légèrement supérieure pouvant être ressentie au départ, au détriment de l'espagnol, lorsque comparé avec l'anglais. En réalité, si un surcroît de complexité était ressenti au début, il ne porterait que sur la comparaison de l'espagnol avec le Globish et non avec la langue anglaise dans son entièreté, car cette dernière présente des difficultés reconnues par les linguistes.

Le caractère révolutionnaire de la France pourra s'incarner dans cette voie linguistique capable de contredire le capital mondialiste. En effet, même si promouvoir le français reste absolument indispensable dans le cadre de la Francophonie, cette seule volonté ne démarque pas la France de la volonté commune à tout pays de promouvoir sa langue nationale, par exemple : la volonté de l'Italie de promouvoir l'italien, etc.
Au contraire, promouvoir à la fois la francophonie, le multilinguisme et une seconde langue hyper-centrale, à la fois différente de la langue nationale et de l'anglais, ceci afin de changer la nature du capital, affirme bien un compromis et une détermination éminemment révolutionnaires.
À moyen terme, il apparaîtra que la France est le seul pays en mesure de prendre une telle initiative vers cette alternative globale, à la fois internationaliste, antimondialiste et apte à permettre le retour des souverainetés nationales et donc de la démocratie.
Se présentant sous la forme d'un compromis de nature linguistique initié par la France, cette alternative globale devrait pouvoir emporter l'adhésion des pays latins, puis des pays de la Méditerranée en général et progressivement des pays germaniques et slaves, pour ne citer que ces pays.

Nous parlons ici de mouvements sociolinguistiques qui devraient se produire un moyen terme, par la force des choses.
Si leur survenue est encore relativement lointaine, il n'en reste pas moins intéressant et très utile de réfléchir à ces questions, dans le cadre d'échanges et de militantismes, afin de préparer les évolutions probables à venir.